Apple est-il vraiment passé d’un statut de société en vogue à un statut de société en perte de vitesse ? Peut-être est-ce dû à l’absence d’appareils qui changent la donne, à la longue période qui sépare les sorties de produits ou à l’influence déclinante du regretté Steve Jobs. Quoi qu’il en soit, la baisse sensible des actions d’Apple révèle une réalité actuelle où les appareils iDevices rattrapent le marché au lieu de le contrôler, ce qui soulève une question : Qu’est-ce que cela signifie pour le consommateur aveugle qui a fait d’Apple la nouvelle référence en matière d’accessibilité ?
Tout d’abord, replaçons le déclin d’Apple dans son contexte. Jusqu’à présent, Apple a vendu 31,2 millions d’iPhones en 2013, soit 5 millions de plus qu’en 2012. Même si les analystes financiers s’inquiètent de la stagnation des bénéfices au troisième trimestre, un chiffre d’affaires de 35,3 milliards de dollars est loin d’être négligeable. On pourrait arguer que le géant du silicium n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière sur les marchés émergents comme la Chine et l’Amérique latine, mais il serait tout à fait prématuré d’annoncer la fin de l’entreprise alors qu’elle continue à générer des revenus à grande échelle. En 2013, Apple ne deviendra pas le prochain Blackberry.
Mais rien n’est éternel.
Lorsqu’on leur pose la question, la plupart des utilisateurs de lecteurs d’écran répondent qu’ils continuent à utiliser JAWS ou Window Eyes en raison de leur environnement familier. C’est la nature humaine et ce n’est pas sans rappeler le fauteuil que certains d’entre nous continuent d’utiliser malgré l’usure qui en a fait un candidat de choix pour la mise au rebut il y a dix ans. Nous aimons notre vieux fauteuil parce que, malgré les nouveaux modèles surchargés qui sont censés faire des merveilles pour notre détente, quelque chose dans les nouveaux modèles ne nous semble tout simplement pas aussi confortable.
Notre ancien fauteuil a établi une norme pour les autres fauteuils, tout comme les anciens lecteurs d’écran ont établi une nouvelle référence pour juger des options alternatives. Peu importe les déchirures qui font du vieux fauteuil une horreur. Après tout, nous sommes heureux de pardonner les lacunes de JAWS et de Window Eyes qui rendent certaines applications Office plus utilisables que d’autres. Peut-être notre fauteuil aurait-il besoin d’un peu de nettoyage, mais pourquoi se plaindre de l’état défraîchi du confortable fauteuil alors que les lecteurs d’écran, tout aussi confortables, stagnent depuis plusieurs années ?
Apple est arrivé avec ce que nous pourrions appeler un nouvel ensemble de meubles. (Certains d’entre nous ont pris le risque d’acheter un nouveau fauteuil, ne serait-ce que parce qu’il n’était pas nécessaire d’acheter un coussin pour pouvoir s’y asseoir. Peu de fans d’Apple admettront que nous continuons à acheter des ordinateurs portables Mac, non pas pour la sophistication croissante de Voiceover, mais pour la simple commodité de sortir d’un magasin avec un produit fonctionnel comme tout le monde.
C’est ainsi que nous nous retrouvons avec une nouvelle norme en matière d’accessibilité aux ordinateurs. Oui, les MacBooks coûtent plus cher que leurs homologues PC. Non, l’accessibilité n’a pas beaucoup évolué, mais oui, beaucoup d’entre nous continueront à acheter des MacBooks parce qu’ils représentent une nouvelle marque d’indépendance.
Mais sommes-nous vraiment indépendants si nous nous accrochons à la plate-forme OSX aussi farouchement que certains d’entre nous s’accrochent encore aux anciens lecteurs d’écran Windows ? Microsoft n’a que peu d’intérêt à investir dans Narrator si les critiques se transforment toujours en analyses comparatives entre Narrator et JAWS. Il en va de même pour les progrès de Voiceover dans OSX, et pourquoi est-il nécessaire de limiter les discussions à Mac et Windows alors que Linux a connu sa propre évolution ? NVDA et la gamme de produits Serotek continuent à faire de grands progrès mais se heurtent inévitablement à un plafond de verre imposé par le public même pour lequel les produits ont été développés. Les lecteurs d’écran alternatifs sont jugés inférieurs si la frappe n’est pas celle à laquelle nous sommes habitués, si les menus sont différents ou si la courbe d’apprentissage n’est pas impressionnante.
Le danger de fixer des normes est que nous oublions de nous comporter comme des consommateurs ordinaires. Nous oublions que, dans le grand public, les gens entrent et sortent des marques dans un souci de satisfaction personnelle plutôt que de fidélité à l’entreprise. Oui, le consommateur de tous les jours peut être une créature d’habitudes et ne pas être facilement persuadé d’abandonner son Android en faveur d’un iPhone, mais le consommateur indécis peut aussi laisser tomber les deux et trouver l’harmonie avec un appareil Windows. La différence est que le consommateur de tous les jours choisit ce confort. Il n’en devient pas dépendant.
Il est vrai que les problèmes d’accessibilité nous empêchent parfois d’expérimenter pleinement les derniers logiciels. Cependant, nous avons beaucoup plus de choix aujourd’hui qu’à l’époque où notre accès au monde dépendait d’un ou deux lecteurs onéreux. Les défenseurs se sont battus, et continuent de se battre, pour briser l’emprise du monopole traditionnel. Il est temps que nous commencions à rechercher les solutions individuelles nées de l’éclatement de l’ancien bloc.
Les avancées technologiques sont aussi diverses que les préférences des consommateurs qui stimulent les ventes de produits. Windows 8.1 ne rivalisera peut-être pas avec OSX Mavericks. Apple peut ou non sortir un nouvel iPhone révolutionnaire cet automne, et iOS et Android peuvent tous deux céder la place à Firefox OS. Tout est possible, et nous continuons à nous rapprocher du jour où nous pourrons profiter de tous les produits le jour même de leur sortie.
Si les résultats d’Apple nous apprennent quelque chose, c’est que le succès d’une entreprise grand public ne dépendra pas du fait que notre petite communauté continue ou non d’acheter chez elle. Découvrez librement toutes les technologies à votre disposition et aidez-nous à enrichir la base de connaissances commune de notre communauté hautement interactive. Après tout, la seule norme technologique qui devrait compter est de savoir si un matériel ou un logiciel peut faire ce dont vous avez besoin quand vous en avez besoin.
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